Espaces colorimétriques en formats numérique vs analogique

4 bouteilles de couleurs CMJN

Les couleurs sont perçues par l’un des cinq sens de l’être humain, lequel est bien entendu la vue. L’œil humain se compose de bâtonnets et de cônes. Puisque les bâtonnets détectent uniquement le noir et blanc, ils sont adaptés pour percevoir la lumière et l’obscurité. Les cônes opèrent pour leur part à une intensité lumineuse nettement supérieure, ce qui les permet de distinguer les couleurs. Souvenez-vous bien de cette distinction, elle sera utile plus tard.

Il existe en réalité une multitude d’espaces colorimétriques, mais les deux modèles que nous rencontrons le plus souvent sont nos vieux amis, le RVB et le CMJN.

L’acronyme RVB (ou « RGB » en anglais) signifie ROUGE/VERT/BLEU, lesquelles sont les trois couleurs primaires dans l’espace colorimétrique additif.

L’acronyme CMJN (ou « CMYK » en anglais) signifie CYAN/MAGENTA/JAUNE/NOIR, soit les couleurs qui existent dans l’espace colorimétrique soustractif.

Le RVB est un espace colorimétrique nécessitant de la lumière pour générer des couleurs ; les écrans de télévision, les ordinateurs, les tablettes, les téléphones intelligents et les autres appareils électroniques utilisent tous le mode RVB. Dans la partie droite du graphique ci-dessus, si toutes les sources de lumière étaient éteintes, nous serions plongés dans le noir. Pensez à votre téléviseur lorsqu’il est éteint. Quand nous introduisons ou ajoutons le rouge, le vert et le bleu ensemble, nous pouvons générer un large spectre chromatique ou une grande variété de couleurs. Nous qualifions cet espace colorimétrique comme étant « additif » puisque nous devons appliquer (ajouter) de la lumière aux trois couleurs primaires pour générer une autre couleur. Lorsque nous introduisons des quantités égales de R, V et B, nous obtenons du blanc, qui indique la présence de toutes les couleurs.

L’opposé est également vrai dans le mode CMJN. Nous qualifions ce dernier d’espace colorimétrique soustractif puisque nous débutons avec du blanc, et au fur et à mesure que nous y ajoutons les couleurs primaires cyan, magenta, jaune ou du noir, ces dernières réduisent la capacité des images à réfléchir certaines couleurs vers l’œil humain, ce qui les rend donc imperceptibles. Cet espace colorimétrique est employé pour les impressions sur du papier, comme c’est le cas pour les imprimantes HP DesignJet, ou encore sur du tissu ou tout autre support analogique. Ainsi, l’ajout de quantités égales de C, M et J produit en théorie du noir, ce qui constitue essentiellement l’absence de couleur.

Fait amusant #1 : En pratique, le mélange des couleurs C, M et J ne produit pas réellement du noir, mais plutôt un gris boueux. Le monde de l’impression a donc introduit le N afin de rendre le noir encore plus prononcé.

Fait amusant #2 : TObservons le graphique ci-dessous de plus près. Dans le modèle CMJN, dans la portion où les couleurs primaires sont superposées, nous pouvons remarquer le modèle RVB. De même, là où se chevauchent les couleurs primaires dans le modèle RVB, nous notons les couleurs C, M et J.
Est-ce de la sorcellerie ?

En pratique, l’espace colorimétrique RVB de mon moniteur d’ordinateur utilise de la lumière pour simuler les cônes de mes yeux afin de percevoir les couleurs. Même si j’éteint les lumières dans la pièce, le moniteur projette toujours de la lumière et je peux toujours y voir les couleurs.

Cependant, si je porte mon t-shirt AC/DC dans une pièce illuminée, la lumière se réfléchit sur ce dernier et les couleurs qui y apparaissent en absorbent une partie, réfléchissant le reste pour que je puisse y voir une image.

Si j’éteins maintenant les lumières dans la pièce, serez-vous toujours en mesure de voir mon t-shirt AC/DC ?

Non ! Toutes les couleurs ont été soustraites puisqu’il n’y a plus de lumière pour réfléchir les couleurs, ne transmettant ainsi rien à percevoir pour les cônes qui se trouvent dans mes yeux.
Sorcellerie, sorcellerie, sorcellerie !

Non, ce n’est pas de la sorcellerie, mais plutôt simplement la physique en action. J’espère que vous apprécierez maintenant votre perception des couleurs à un tout autre niveau. Fort de cette nouvelle connaissance, vous serez parfaitement prêt pour mon prochain article qui paraîtra dans deux semaines, « La valeur des couleurs ».

Sources :
Graphique sur les espaces colorimétriques : PrintNinja (printninja.com)
La fonction des bâtonnets et des cônes dans l’œil humain : Rochester Institute of Technology (cis.rit.edu)